Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/491

Cette page a été validée par deux contributeurs.
473
L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE LVI


Une agonie de sanglier.


Tonia avait jeté son arme et aussitôt crié à tue-tête : « Maurin !… »

Elle voulut le rejoindre au plus vite, et tout en courant de son mieux : « Il rira bien, quand je lui dirai que j’ai voulu le tuer ! »

Cependant, nul cri n’avait répondu au sien.

« Il veut me troubler, pensa-t-elle, il fait le mort ! il a compris, il se venge à son tour ! »

Elle s’arrêta, essoufflée, mit la main sur son cœur, qui battait à faire éclater son corsage, — puis se reprit à courir. Elle allait ainsi, forcée de faire un long détour pour ne pas se perdre aux ravins, elle allait, courait, butait, se relevait, descendant des pentes, remontant des mamelons, à travers les genêts épineux, se déchirant les jupes, s’ensanglantant les jambes, les bras, le visage fouetté de branches élastiques… s’arrêtant parfois une seconde pour écouter et repartant de nouveau…

— Mon Dieu ! pensa-t-elle tout à coup, si je l’avais tué !

L’épouvante alors la prit et elle se hâta davantage. Puis elle s’arrêta, plus terrifiée encore à l’idée