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L’ILLUSTRE MAURIN

tienne, » tout le contraire de ce qu’on voulait… C’est ainsi que devant le saint Pilon, à Notre-Dame-des-Anges, je me suis donnée à l’heure même où je voulais le plus me défendre contre ce voleur… Il ne faut donc pas l’approcher. Il faut le guetter de loin et tirer sur lui, comme sur un chien fou !…

Elle s’arrêta. Tirer sur Maurin… le tuer ! Cela, tout à coup, lui parut impossible. Voilà qu’elle ne comprenait plus comment cette idée avait pu lui passer par la tête !

Elle prit sur son épaule la carabine et la posa contre un buisson, se demandant si elle n’allait pas la laisser là. Oui… Elle la laisserait là… elle la retrouverait au retour. Maintenant, elle allait courir à Maurin et chercher ses lèvres… ses lèvres ! qu’il donnait à toutes… à toutes ! Et cette Fanfarnette qu’il avait embrassée de force ! la pauvre innocente !… Ah ! oui, elle la vengerait, elle ferait justice… La Fanfarnette !…

Tonia eut un vertige, elle ferma les yeux… et elle vit, comme s’ils étaient là, Maurin et Fanfarette embrassés !… Sa haine d’amour la reprit. Elle étendit la main vers l’arme qu’elle venait de déposer… Là-bas, de l’autre côté du ravin, sur la colline du Puits des Arbouses, elle avait aperçu, à travers des branches, Maurin qui, debout, regardait de son côté… La voyait-il ? Avec un flot de sang, un coup de rage lui monta au cœur… Elle avait saisi son arme… elle épaula. Elle tremblait tellement qu’elle dut appuyer le bout du canon dans une fourche de branche. Elle tremblait toujours. Elle visait et ne tirait point.

Son doigt sur la détente croyait sentir le fer battre comme un cœur ! Elle ne tirait pas… « C’est lui ! C’est