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L’ILLUSTRE MAURIN

 
— Les femmes ne portent pas d’épée,
Morbleu, Marion !
— C’était sa qu’nouille qu’elle avait,
Mon Dieu, mon ami ! »

Son ouïe fine lui fit percevoir un pas, lointain encore, qui écrasait les bruyères… Elle cessa de chanter et écouta… Quelqu’un venait…

Et lorsque Tonia arriva près d’elle et lui dit : « Il y a longtemps que tu es là, Fanfarnette ? » Fanfarnette se mit à pleurer.

— Qu’as-tu, petite ?

Fanfarnette ne répondit pas et cacha sa figure dans ses mains. Tonia essaya d’écarter ses bras pour la regarder en face, mais les mains de la petite à tout coup lui échappaient et revenaient se coller sur son visage.

— Qu’as-tu ? qu’as-tu, petite ? dit Tonia qui tout à coup crut deviner.

— Moussu Mòourin ! Moussu Mòourin ! sanglota Fanfarnette..

— Eh bien, quoi ?… quoi ?… Pourquoi parles-tu de Maurin ?

— Je suis perdue ! gémissait-elle, je suis perdue, madameïselle Tonia ! Il a passé par ici tout à l’heure… et m’a dit qu’il ne m’épouserait jamais ! Et alors, je sais bien, moi, ce qui peut arriver, car il faut que je vous le confesse. Il m’a prise, malgré ma volonté, le marrias ! et il me laissera là, qui sait ! et je ne serai plus qu’une de ces filles dont personne ne veut parce qu’en allant à l’église, elles seraient forcées d’y porter leur enfant, pechère !

Tonia fut atterrée.

Lui, lui, Maurin ! il avait fait cela ! lui, franc avec