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L’ILLUSTRE MAURIN

Elle s’amusa à y disparaître toute et à s’imaginer qu’elle était un petit de perdrix, qui attend l’heure de casser sa coquille.

On était bien là. Les flancs du grand vase bombé n’avaient pas trompé l’espérance de la baigneuse. Elle tournait donc sur elle-même, dans l’exquise fraîcheur de l’eau, et pouvait même, de ses mains agiles, se bien frotter, comme avec leur bec font les serins dans l’auge de leur cage.

Et Fanfarnette riait. C’était si drôle d’être dans ce grand œuf !…

Enfin elle sentit un petit frisson… elle grelotta un peu… « Allons, Fanfarnette, il faut sortir ! »

Aï ! bonne mère ! pauvre de moi, quel malheur ! Sortir, ce n’était plus possible ! Dégager même un bras tout entier, elle ne le pouvait plus !… Comment faire ? Si elle parvenait à mettre dehors son bras droit seulement, elle pourrait chercher aux saillies des poutrelles un point d’appui et retirer tout le reste ! Comment faire, mon Dieu ! comment faire ? Et Fanfarnette se trémoussait, sans parvenir à éclore !

À la fin elle eut peur et gémit bien fort :

— Mon Dieu ! que je suis perdue ! mon Dieu ! comment sortir de là ?

Maurin, qui à ce moment passait près de la maison, fut le seul à entendre ces plaintes. Il accourut, grimpa à l’échelle, criant :

— Qu’y a-t’il ? j’arrive !

Quand elle entendit un gros pas d’homme sur le bois sonore de l’échelle, Fanfarnette fit un effort dernier pour sortir de sa jarre, et tant fort s’y démena, qu’elle la fit vaciller, pencher deux ou trois fois de droite