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L’ILLUSTRE MAURIN

matin. Maître Secourgeon labourait au loin… Maurin, posté aux environs, ne devait pas revenir de sitôt ; misé Secourgeon était allée vendre des légumes à l’auberge des Campaux.

Fanfarnette, un ferrat (seau) dans chaque main, se mit donc à voyager du grenier au puits et à emplir sa jarre qui était presque aussi grande qu’elle.

« Quand je serai dedans et debout, je n’aurai guère dehors que la tête. »

Et du puits au grenier et du grenier au puits si souvent elle alla, revint et retourna, qu’à la fin la jarre fut presque pleine à déborder.

Alors Fanfarnette posa ses seaux, se déshabilla vitement, grimpa sur la vieille chaise ; de la chaise elle s’éleva jusqu’au bord de la jarre un peu vacillante, mais d’une main elle se retenait solidement aux poutrelles du plafond bas, si bas que, légère et adroite comme elle était, elle parvint à entrer enfin dans sa jarre… Mais non pas d’un seul coup ! L’orifice en était plus étroit et ses jeunes hanches plus rebondies qu’elle n’avait pensé, si bien qu’il fallut forcer un peu pour pénétrer toute là dedans. Le rebord de la jarre était déjà sous les aisselles de la mignonnette, que ses pieds ne touchaient pas encore le fond, moins relevé que Fanfarnette ne l’avait cru.

Elle dut s’agiter avec grands efforts et contorsions, pour faire entrer l’un après l’autre ses petits bras dans l’eau. Et dès qu’elle y fut parvenue, l’eau aussitôt déborda de tous côtés et ruissela par la chambre, ce qui fit rire la bergerette.

Elle riait aussi d’être nue et seule bien au frais, dans cette drôle de baignoire.