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L’ILLUSTRE MAURIN

misé Secourgeon, n’avait pas fait attention à la petite Fanfarnette, une enfant ! Il n’était pas chasseur à rechercher si menu gibier…

Il avait même, de cette époque, un amusant souvenir de cette bergerette, un souvenir joli et si drôle qu’en y pensant, Maurin riait de plaisir, tout seul.

Les Secourgeon donnaient alors la retirée à la Fanfarnette qui couchait dans un petit grenier sous le toit, ou plutôt dans un chambron de débarras, où l’on avait accès par un escalier de bois dressé contre le mur extérieur, sur le derrière de la maison.

Un beau jour, Fanfarnette (chacun sait que les chevrettes sont personnes très délicates) eut fantaisie d’une baignade en eau claire. Et comme dans le lit du torrent voisin, desséché à ce moment de l’année, il n’y avait pas de creux assez profond pour contenir son petit corps blanc, elle eut une admirable idée…

Ayant avisé, au fond de son grenier, une jarre — une de ces jarres pareilles à celles où s’enferment les voleurs dans le conte d’Ali-Baba, — une jarre à mettre de l’huile, et qui se trouvait vide, bien propre, bien odorante (nettoyée et frottée longtemps, comme elle avait été l’an dernier, avec des pommes écrasées), Fanfarnette songea que cela ferait une baignoire commode où elle entrerait peut-être un peu juste, mais les poussins s’accommodent de leur coquille… Cette jarre provençale, luisante au dedans d’un beau vernis jaune, ressemblait en effet, comme toutes les jarres, à un œuf énorme. L’emplir d’eau limpide et bien fraîche, monter sur une chaise et entrer dans l’énorme vase bombé, comme une mouillette dans un œuf à la coque, tel fut le plan de Fanfarnette. Sans en rien dire à personne, elle l’exécuta un