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L’ILLUSTRE MAURIN

— Croche-toi !

Il avait ramené contre son genou l’homme qui, obéissant d’instinct, s’y accrocha.

L’autre avait compris. Sachant un peu nager, il s’élança et saisit l’autre genou du sauveteur.

Plus rien ne paraissait sur l’eau que la quille, bientôt disparue, du bateau chaviré, là-bas, roulé, emporté dans les rafales… Le cheval, revoyant la terre devant lui, désespérément se sauvait de l’eau, de la tempête, de la mort…

— Tiens bon ! clamait Maurin plus haut que le vent et la mer, chaque fois qu’apparaissaient hors de l’eau les visages hagards des deux hommes. Le cheval, livré à lui-même, s’en alla prendre terre assez loin du point de départ ; il avait tourné à demi la croupe au vent, il naviguait à la lame… Pastouré et les douaniers couraient sur la plage pour les recevoir…

Le lieutenant des douanes était là… On transporta les demi-noyés dans la caserne où Maurin et Pastouré acceptèrent de se réchauffer un moment. Puis, lorsque à leur tour ils s’approchèrent des deux naufragés qui, après avoir bu un bon coup d’aiguarden, revenaient à la vie :

— Té ! dit tout à coup Maurin d’un ton jovial. Ah ! par exemple ! Celui-là, le jeune, c’est mon petit ! Césariot !… Ça me fait plaisir… En voilà un qui ne peut vanter de me devoir la vie… hé ! petit ? qu’en penses-tu ?

— Monsieur, interrogea le lieutenant, dites-moi, s’il vous plaît, votre nom pour que je l’inscrive dans mon rapport.

— Mon nom ? dit Maurin. Ce petit que j’ai sauvé vous le dira… quand je serai parti !