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L’ILLUSTRE MAURIN

bout… Une lame prit tout à coup la pauvre embarcation par le travers. Elle chavira.

Au fond de la baie, la caserne des douaniers avait aperçu le bateau, et ces braves gens s’efforçaient de mettre une chaloupe à flot ; mais l’opération était difficile et semblait devoir être longue.

Le roi des Maures, dressé sur ses étriers, ferme sous le vent qui faisait claqueter ses vêtements, regardait les naufragés… Ils étaient deux qui tentaient de saisir l’épave. Ils apparaissaient à la pointe des vagues pour disparaître aussitôt entre des montagnes d’eau. Et la forêt des Maures jetait ses grondements sur ceux des grandes eaux. Dans ce fracas Maurin cria à Pastouré :

— Attends-moi, j’y vais !

Alors, le rude homme, le petit-fils des pirates sarrasins et des pêcheurs tropéziens — chargea la mer !… Par assauts, elle venait contre lui, mais à chaque reflux elle semblait le fuir.

Dans le sable mou, les quatre pieds de son cheval entraient, cerclés d’eau et d’écumes rageuses.

— Je te suis ! cria Pastouré.

Mais le cheval de Pastouré se déroba, et en trois bonds, désarçonnant son lourd cavalier, le jeta dans les écumes du bord. Pastouré, se cramponnant à la queue de sa bête, fut ramené par elle vers la terre où les douaniers le relevèrent sans trop de mal.

Il se remit aussitôt sur ses pieds et voulut remonter à cheval, mais sa bête était devenue folle, elle lui échappa et s’enfuit d’un galop épouvanté. Pastouré dut se résigner à laisser Maurin tenter seul l’aventure.. Et comme il souffrait un peu de sa chute, il permit qu’un jeune douanier courût après son cheval.