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L’ILLUSTRE MAURIN

— Tu me l’avais déjà contée toi-même, celle-là comme les autres, dit Maurin.

— Et tu avais oublié que tu l’avais entendue de ma bouche, ô sans mémoire ?

— Non ! mais tu avais, toi, oublié que tu me l’avais dite… Allons, allons, à tant parler avec un ami, toi qui jamais ne parles que seul, tu t’excites.

— On n’est pas tous les jours au fond d’un puits !

— Fais un somme, et après nous essaierons de sortir d’ici.

Pastouré ne répondit pas. Il s’était tout d’un coup endormi comme une bûche. Ce sommeil, sans doute, sauva les deux compagnons car, maintenant, ils se taisaient tous deux, couchés côte à côte dans la galerie. La vérité dormait au fond du puits et ainsi elle trompa les plus malins, les Sandri et les Grondard.

Quand il se penchèrent au-dessus du puits, ces deux-là et d’autres qui cherchaient Maurin et Pastouré, ils n’entendirent pas même un ronflement.

Et ils ne virent rien, au fond de la noria abandonnée, qu’un miroitement d’eau sur lequel flottaient quelques débris de pignes tombées d’un arbre voisin et deux grandes perches calcinées.