Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/456

Cette page a été validée par deux contributeurs.
438
L’ILLUSTRE MAURIN

« Et prenant à témoin le monde entier qui n’était pas là :

« — Vous l’entendez ? Vous l’entendez tous ? il me dit du mal de ma mère, à présent ! il ne manquait plus que cela ! ma brave, ma pauvre mère ! Pourquoi ne suis-je pas restée dans la maison de ma mère ! »

« Sanplan ne put s’empêcher de dire :

« — Plût Dieu, carogne, que tu fusses restée en galère !

« — C’est ça, insulte-moi ! hurla misé Sanplan, née Charpinois… Va dire à tout le monde que tu m’as prise en galère ! Et menace-moi de m’y envoyer !… En galère, bon Dieu ! m’envoyer en galère ! et pourquoi je vous le demande, pourquoi ? parce que, tout bonnement, je ne veux pas dire qu’une merlate est un merle ! N’est-il pas juste de soutenir qu’une merlate n’est pas un merle ? N’est-ce pas la vérité même ?… Il faut être fou pour vouloir faire dire à une honnête femme une chose qui est l’opposé de tout bon sens et de toute vérité !… On ne m’a pas appris à mentir, chez mes parents… En galère !… Et je ne commencerai pas, non, pas même pour faire plaisir à mon homme. Non, non, je ne mentirai pas !… c’étaient des merlates, des MERLATES ! des MERLATES ! … Et l’on me pilerait dans un mortier plutôt que de me faire dire le contraire ! »

« Le repas fini, elle continua ainsi à grognasser durant une heure, tout en tricotant des bas. Son mari ne soufflait plus mot. Elle tricotait sous la lampe, en grognassant toujours :

« — De sûr, c’étaient des merlates ! Il n’y a que des sots et des imbéciles, des ignorants, pour soutenir que des merlates sont des merles !… Oui, oui, c’étaient