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L’ILLUSTRE MAURIN

« Sanplan était marié depuis peu de jours, et d’ailleurs son caractère n’était pas pénible, mais au contraire tout à fait tranquille. C’est pourquoi d’un air aimable :

« — Et si je suis de ton avis, dit-il, à seule fin de te faire plaisir, où est le mal ?

« — Alors, cria-t-elle, tu t’entêtes à dire et à répéter que c’étaient des merles ?

« — Je m’en garderais bien !… c’étaient peut-être bien des bécasses.

« — Bécasses, bécasses ! Tu dis bécasses pour te moquer de moi !

« — Mettons, si tu y tiens, que tu as mangé une merlate et moi un merle. La preuve, d’ailleurs, a disparu et tu n’as pas goûté du mien.

« — Je l’ai senti ; c’était une merlate.

« — N’en parlons plus, c’est comme tu voudras.

« — Comme tu voudras ! comme tu voudras ! grogna l’insupportable femelle. Les choses ne sont pas comme on les veut. Elles sont comme elles sont !

« — Hélas ! soupira le mari, tranquille comme Baptiste, hélas ! oui, elles sont comme elles sont ! »

« Mais, à l’ordinaire, plus Sanplan était calme, plus sa femme s’exaspérait, et comme elle n’était pas bête, elle comprit trop le soupir du mal marié :

« — Aï ! las ! cria-t-elle, c’est à moi de soupirer !… Ma mère me l’avait bien dit que je ne tarderais pas à être malheureuse avec toi !

« — Peuh ! ta mère ! ta mère !

« — Eh bien, quoi, ma mère ? Tu n’as pas de mal à dire de ma mère, à présent ! »