Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/450

Cette page a été validée par deux contributeurs.
432
L’ILLUSTRE MAURIN

campagnes, servaient l’homme à table, lorsqu’il arrivait, fatigué du travail.

« À son travail, la femme l’aidait, comme il se doit, de loin, en lui préparant la soupe chez lui.

« Il avait besoin de bonne soupe, il était servi comme il convient, seul à table ; la femme mangeait après le maître, et les disputes à table, de cette manière, étaient plus rares. Aujourd’hui, tout est changé ! les femmes sont des espèces d’hommes à pantalons larges ; il y en a même qui font métier d’hommes, avec des hommes, dans les bureaux de poste, dans les bureaux de chemin de fer ; et partout il y en a beaucoup sur les ŏoucipèzes (vélocipèdes) et fort peu dans les maisons. Épouser une femme de notre siècle ? Non, non, Mŏourin, à d’autres ! ça ne fait pas pour nous ! Ne prends pas femme, Maurin, au moment où les femmes cherchent à devenir électeurs !… Ah ! ça sera du joli, quand elles le seront ! Ah ! je veux voir ça, et je le verrai, nous le verrons ! Mais jamais, jamais, tant que Pastouré vivra, il ne te laissera faire la sottise d’épouser un électeur ! Tu serais toi, Maurin, quelque jour, le mari d’un député ou d’un sénateur ? Car, il n’y a pas à dire, c’est à quoi on s’expose en prenant femme aujourd’hui ! Si tu n’en as pas assez, j’en ai assez, moi, de la politique, sans aller m’en mettre encore sur le traversin !

« De la politique, nous en avons assez ! bien assez ! cent millions de fois assez ! mon boulanger m’en fourre dans la farine ! Il est conseiller municipal, conservateur radical comme Caboufigue, et il croit que j’ai voté contre ses idées, et cela suffit pour qu’il ne me donne que du pain cru, par vengeance ! Le marchand de vin en met dans ses tonneaux, de la politique, et lui qui,