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L’ILLUSTRE MAURIN

— Osco manosco ! dit-il, vive Bassompierre ! je la marque, celle-là ! et du diable si je l’oublie.

Il l’oublia si peu que depuis cette époque, lorsque, seul au fond des bois, il s’oubliait lui-même, effrayant le gibier d’une sonorité très semblable à celle d’un coup de feu : « Vive Bassompierre ! » disait-il invariablement et gravement. C’était la formule dont il saluait son inconvenance. Et il avait une façon spéciale, très comique, de prononcer ce nom formidable de Bassompierre…

— Dans la bouche de Pastouré, disait M. Cabissol qui aimait les grosses gauloiserises, cela sonne comme le nom d’un musicien qui serait artilleur !

L’habitude qu’avait prise Pastouré lui joua même un tour plaisant.

Un soir, au café, il laissa échapper un : « Vive Bassompierre ! » instinctif et convaincu. Et tout le monde comprit que si on n’avait rien entendu avant la formule, Pastouré n’en avait pas moins eu, pour la prononcer, des raisons irréfragables !

Or, M. Cabissol, un jour où il rendait visite à Jean d’Auriol, lequel était en train d’écrire la seconde partie de son histoire Maurin des Maures, ajouta, après lui avoir conté Le p… de Caboufigue :

— Je vous l’ai dite, celle-là, — qui n’est pas la moins bonne, — pour vous égayer un instant, mais bien entendu je la considère littérairement comme inutilisable…


Jean d’Auriol, à ces mots, eut un mouvement d’impatience :

— Inutilisable en vérité ! — Comment l’entendez-vous ?