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L’ILLUSTRE MAURIN

— Une fumée de pipe dans la fumée d’une montagne qui brûle, ça ne se voit pas guère ! déclara Pastouré.

Il bourra sa pipe.

— Elle est bourrée ; qui commence ? fit-il poliment.

— Toi, dit Maurin.

Pastouré alluma sa pipe.

Leurs yeux levés voyaient un rond de ciel, bizarre, noir et bleu, et les furieuses étincelles de l’incendie qui s’y éparpillaient, comme mêlées aux étoiles tranquilles.

Un assez long temps s’écoula.

— Crois-tu qu’ils penseront à nous chercher ici ?

— Nous penserons, nous autres, dit Maurin, à sortir avant qu’ils n’arrivent… Té ! je retourne un instant là-haut voir ce qui se passe.

Il remonta ; sa tête se souleva un peu au-dessus de la margelle du puits. Le ciel solennel brillait de toutes ses étoiles au-dessus du cercle de terre noire et étoilée formé autour de Maurin par son royaume incendié. Le feu avait marché bien au delà de l’endroit qu’ils avaient quitté peu d’instants auparavant. Au bord du feu, à travers les flammes, il apercevait la petite armée postée pour s’emparer de lui, et qui battait en retraite.

De là-haut, Maurin expliqua la situation à Pastouré :

— Le feu les force à reculer, dit-il.

— C’est un bon chien de garde, répliqua Pastouré.

— À propos de chiens, et les nôtres ? interrogea Maurin ; que sont-ils devenus dans cet « escŏoufestre ? »

— Je les ai confiés hier à M. Cigalous, que j’ai rencontré.