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L’ILLUSTRE MAURIN

Les deux hommes, ayant empoigné la chaîne, descendaient, les jambes écartées, accrochant leurs pieds crispés aux parois crevassées du puits étroit, et s’agrippant parfois d’une main aux saillies d’une pierre.

Quand ils approchèrent de l’eau :

— Attends un peu, dit le calme Pastouré, que je fasse du feu.

— Comment, du feu !… Encore ! s’écria Maurin gaîment.

Pastouré fit flamber une allumette. Ils regardèrent au-dessous d’eux et constatèrent avec joie que leur manœuvre avait réussi : les perches touchaient évidemment le fond de l’eau, et elles émergeaient en s’entre-croisant au-dessus. Quelle que fût la profondeur du puits, ils pourraient s’y maintenir sans péril… Ils descendirent encore.

— C’est bas ! dit Maurin.

— Ah ! coquin de sort ! il me vient une idée, fit Pastouré. C’est ça, par exemple, qui serait drôle !…

— Et quoi donc ?

— De mourir noyé au beau milieu d’un feu !

Ils atteignirent les perches émergeantes.

— C’est bon l’eau, quand on sort du feu, dit Maurin.

— Voilà, ajouta Pastouré, un bain de pieds qui arrive à son heure.

Il chantonna :

En attendant que la soupe il se fait,
Anan dabas si lava’n pàou leï péds.

— Emplis les seaux, nous aurons de l’eau propre, car nous voilà dans cette sauce pour je ne sais combien de temps !