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L’ILLUSTRE MAURIN

— Vois ! dit Grondard.

Devant eux, à cent cinquante pas, aussi près des flammes que possible, Pastouré et Maurin, entourés de quelques-uns de leurs amis accourus de Bormes, coupaient, taillaient, abattaient… Ils préparaient un contre-feu.

Une rafale parfois couchait les flammes, les prolongeait jusqu’à eux et alors les travailleurs reculaient, détournant la face et la protégeant de leurs bras. Dans leurs mains noircies, quelques-uns avaient des chiffons mouillés, dont ils abritaient leurs visages. Plusieurs ruisselaient d’eau comme s’ils sortaient de la mer. Seulement cette eau était fumante. Çà et là des gens emportaient les ferrats (seaux) vides et en rapportaient de pleins qu’ils déposaient à portée des travailleurs. Ceux-ci couraient y tremper de temps à autre leur visage, leurs chiffons ; puis, la hache en main, ils retournaient à leur besogne de fourmis patientes, en lutte avec un ennemi dont la supériorité dépasse un milliard de fois leur courage. Maurin, tout en travaillant, excitait, guidait, menait à lui seul toute une équipe.

— Il joue un rôle ! murmura Sandri.

Et il donna des ordres à voix basse. Son plan était très simple : disposer ses hommes en un demi-cercle qui irait en se rétrécissant, la corde de l’arc étant la ligne du feu.

Par-dessus le chemin qui s’engouffrait dans le foyer, les flammes se mêlaient, voûte de feu et de mort… L’homme infailliblement allait être pris !

L’ordre donné par Sandri fut exécuté ponctuellement.

Sur Maurin, absorbé par sa besogne, le demi-cercle lentement se resserrait. Les hommes se rapprochaient,