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L’ILLUSTRE MAURIN

courant, se baissant, se relevant, s’éloignant pour fuir l’insoutenable « coup de chalumeau, » la fusée des gaz en feu, et, aussitôt après, revenant à l’attaque.

Le matin du troisième jour, on crut un moment qu’on se rendrait maître du fléau.

Le préfet et les chefs militaires étaient placés sur un sommet qui commandait toute la région.

— C’est horrible et sublime, voilà le mot qu’on répète toujours devant le feu, dit le préfet. Mais comment donc prennent ces incendies ?

— La malveillance ! ce mot dit tout, répliqua un capitaine forestier qui souffrait d’une entorse et de plusieurs brûlures graves, et que M. Cabissol était en train de panser.

« Nos forestiers collectionnent les engins incendiaires. Nous en trouvons souvent dans nos forêts domaniales. Le plus commun est un paquet d’allumettes alourdi d’un caillou et suspendu par une ficelle au bout d’une branche basse, de telle façon que le phosphore effleure juste une pierre placée au-dessous… L’engin est disposé par temps calme. Qu’une brise, même légère, s’élève, la branche qui le supporte se balance, — les allumettes, frottées contre la pierre autour de laquelle sont entassées des matières résineuses, des broussailles légères, — s’enflamment ; le tour est joué. Les soleils d’été ont desséché les broussailles et les forêts : tout flambe ! On a trouvé — attention, vous me faites mal ! — jusqu’à des pièges nommés quatre de chiffre et qui sont transformés en instruments d’incendie… L’oiseau qui vient manger une mouche piquée au bout d’un bâton, déclanche l’appareil ; la pierre inclinée retombe en frôlant dans sa chute un