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L’ILLUSTRE MAURIN

— Rira bien !… dit le gendarme.

— C’est entendu… Là, mettez votre dos contre cet arbre ; bien. Je vais vous y amarrer de quelques tours de ficelle.

« Là ! les pieds aussi, là… bien entortillés, bon !

« Tous les nœuds à vos jarrets, comme ceci… beaucoup de nœuds par exemple, parce qu’il faut ça… Maintenant, voyez comme je suis aimable ! Je pose votre revolver ici, à vingt pas de vous… là… Et puis… c’est le bouquet… remerciez-moi : je vais vous détacher les bras. Après cela je m’en irai. Quand vous aurez les bras libres, vous pourrez vous-même délier vos jambes… Vous y mettrez un peu de temps, parce qu’il y a beaucoup de nœuds, et il y a beaucoup de nœuds pour que vous y mettiez le temps, vu que je veux être loin d’ici quand vous aurez repris la liberté de vos pattes. Alors, vous grimperez à l’arbre et vous délivrerez à son tour ce pauvre Sandri, qui doit bien s’ennuyer là-haut, dépareillé comme il est.

Quand il eut amarré à sa convenance le pauvre gendarme, il se plaça devant lui et lui faisant un profond salut :

— Jusqu’à l’honneur de se revoir !… Adessias !

Et levant le nez :

— Adieu Sandri… ne tombe pas !… Au revoir !

Sandri, héroïque rageusement, ne proféra pas un mot, n’eut pas un soupir.

Maurin s’éloigna, puis, revenant sur ses pas, tandis que le gendarme d’en bas commençait déjà à attaquer fiévreusement les nœuds multiples qui enserraient ses genoux et dans lesquels il s’embrouillait à force de hâte :