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L’ILLUSTRE MAURIN

— Sandri a découvert ma cachette, il vous attend, gendarme.

Bénévole, naïf, un peu sot, le gendarme se réjouit.

Il ne s’étonna pas d’apprendre par Maurin ce que Sandri en personne serait venu lui dire s’il avait été libre de ses mouvements.

Il ne réfléchit pas, dans la première minute. Maurin, pensa-t-il, avait fini par se rendre. Et puis, il semblait si tranquille, ce bon braconnier ! Au besoin, on n’aurait qu’à lui mettre la main au collet… Par précaution cependant, tout en marchant vers Maurin, le gendarme chercha son revolver… À ce moment, il tomba en avant, les deux bras instinctivement étendus… Maurin lui avait fourré son bâton dans les jambes… Un coup de levier… et l’ennemi à terre ! et Maurin assis sur lui, déjà le ligotait.

— Brigand ! prends garde à ce que tu fais !… Ton cas est mauvais !… Nous représentons la loi !…

— Je ne vous en empêche pas, dit Maurin ; et, au fond, je vous respecte. Bon ! voilà qui est fait. Ce n’est pas trop serré, mais c’est solide. Vous n’aurez de libre que les jambes. En avant, marche !… Bigre ! vous oubliez à terre votre revolver… Attendez, que je m’en charge.

Il prit le revolver et conduisit son homme en laisse jusqu’au pied de l’arbre dans lequel, tout là-haut, était attaché Sandri.

— Regardez cet oiseau, quillé à la cime !

— Oh ! fit le gendarme.

— Écoutez-moi bien, je ne vous en veux pas. Je me méfie, voilà tout, parce que, si je vous en croyais, je coucherais ce soir en prison… et je ne suis pas un oiseau de cage.