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L’ILLUSTRE MAURIN

— Si tu appelles, Sandri, ti fouti dabas ! je te fiche à bas ! lui dit Maurin, d’une voix claire et calme.

Sandri, stupéfait et pas fier, ne souffla mot.

La main invisible enroulait une corde autour de son poignet !

— Laisse-toi faire et tu n’auras point de mal, foi de Maurin ! Et avant une heure tu seras délivré.

Sandri, suffoqué, anéanti, préféra se taire. Qu’eût-il dit ? Rien d’utile. Toute défense était littéralement impossible.

— Tu as peut-être peur que je te fusille ? Rassure-toi, je viens de faire un petit voyage à Toulon, et c’est pourquoi je n’ai ni fusil ici, ni chien en bas à mettre à tes trousses. Ne tremble pas. Tu sais que je ne suis ni méchant ni traître. J’aime seulement à galéger, quand l’occasion se présente… comme tu le vois.

Tout en parlant, il lui liait solidement à l’arbre la corde qui lui serrait le poignet.

— Je dois t’expliquer mes intentions pour que tu te tiennes bien tranquille : je vais descendre et me mettre à la recherche de ton pareil… Quand je l’aurai, je lui dirai où tu es. Attends-moi.

Le chasseur quitta Sandri muet de rage, et qui était bien dans la position la plus absurde du monde.

Une fois à terre, Maurin qui, de là-haut, avait vu la direction prise par le second gendarme, alla au-devant de lui, en répétant l’appel de Sandri tel qu’il avait entendu tout à l’heure.

Il s’arrêta, coupa de son couteau-scie une forte branche d’arbousier, bien droite, et s’en servit comme d’une canne… Il ne tarda pas à apercevoir le gendarme.