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L’ILLUSTRE MAURIN

nant l’habit de mousquetaire. Le pauvre Parlo-Soulet tombait en outre sous la prévention d’un délit caractérisé : « port illégal d’uniforme » car le pourpoint de mousquetaire est un des uniformes officiels des bravadeurs.

Mais les trois habiles piégeurs se déplaçaient sans cesse et couraient dans un maquis si rude que le diable ne s’y serait pas retrouvé.

Pour l’heure on n’entendait plus parler de Grondard.

Quant à Tonia, elle rejoignit plusieurs fois son Maurin dans des agachons qu’il s’était enfin construits à la cime de quelques grands pins séparés par d’énormes distances. Il en avait à Collobrières et à la Garde-Freïnet et partout. Sur les bras énormes et largement ouverts de ces arbres, les plus vieux et les plus rameux qu’il eût pu trouver, ils avaient établi des espèces de plates-formes faites de branchages entrelacés ; et là-haut tout en surveillant les environs, souventes fois, Maurin avait murmuré à sa belle le joli couplet de la chanson du roi d’Aragon[1] :

Y’a ren que lis estélo
Qu’an vis
Lou parèu amourous
Din lou nis.
Lis an vis
Si douna la bécàdo
Coumo d’ôoucèu ôou nis
Si douna la bécàdo
Coumo d’ôocèu ôou nis !

De ces cachettes, les gendarmes eurent connaissance par Grondard qui, têtu, acharné à sa rancune, ne cessait d’épier Maurin.

  1. Chef-d’œuvre du félibre Félix Gras.