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L’ILLUSTRE MAURIN

— Allons, ne parlons plus de ça ! dit Lagarrigue avec une sorte de pudeur soudaine.

— J’aurai beau n’en plus parler, mon pauvre Lagarrigue, tu continueras à m’empester. La partie n’est pas égale.

— As-tu, Maurin, fait ma commission au préfet ? dit Lagarrigue, désireux de changer le sujet de la conversation.

— Pour tes bohémiens ?

— Oui.

— Je lui ai expliqué qu’il fallait les laisser tranquilles.

— Je l’avais deviné, car on ne leur a plus rien dit.

— Bon ! mais toi, Lagarrigue, ne songes-tu pas à quitter la maudite usine où tu travailles tes tabacs de contrebande ?

— Si fait, j’ai réfléchi à tes bons conseils et, dans l’intérêt de mon fils, je vais lâcher mon commerce.

— Tu agiras bien, dit Maurin. On est assez facilement en querelle avec les juges, sans avoir rien fait de mauvais. Mieux vaut donc ne pas les exciter et les laisser dans leur tort ! Dieu, — je ne le crains pas, s’il y en a un, parce qu’il sait ce je me pense dans mon fond, — mais les juges, ah ! bougre de bougre, mon homme !

Les jours suivants Pastouré se joignait aux deux piégeurs, et les trois chasseurs de bêtes nuisibles narguaient joyeusement les gendarmes.

— S’ils savaient comme tu sens, les gendarmes, pechère ! disait Maurin à Lagarrigue, ils nous retrouveraient vite en nous cherchant à bon vent, sans chien !

Les gendarmes maintenant recherchaient aussi Pastouré, coupable de les avoir égarés à sa suite, en pre-