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L’ILLUSTRE MAURIN

Pendant ce temps, Pastouré sarclait ferme la broussaille et ayant mis à découvert, sur la pente de la colline, les trous des blaireaux, il retenait ses chiens en se disant bien haut :

— Nous les aurons ! ils sont deux, je les entends qui grattent. Il tarde bien, ce Maurin, pour amener son homme qui, d’après ses explications, est un pas grand’chose avec tout son or, ni bien heureux, pechère !… Et moi qui le plains encore ! Tout ce qui arrive à cette heure, la ruine de tant d’imbéciles qui croient qu’on peut tuer à la fois six lièvres d’un coup en enfilade, ça me semble pain bénit. Tout se paie, cambarades, même les bonnes leçons…, Ah ! voilà les messiés !… C’est vrai qu’il a l’air, avec sa double couenne, d’un seigneur de porcherie !… Or ça, l’essentiel aujourd’hui est de tuer le rabà (blaireau).

Maurin posta Caboufigue et M. Cabissol ; il leur expliqua :

— Quand le chien de petite taille sera entré par ce trou, le rabà ne tardera pas à sortir par cet autre trou à côté. Alors visez au nez, avant qu’il sorte, et il est mort. Sinon il file, le petit ours, puis se met en boule, se gonfle, et alors sa peau épaisse ne laisserait pas entrer le plomb, — et jusqu’au bas de la pente il roulerait jusque dans la broussaille comme une balle élastique. Attention ! que le chien travaille.

Un grand silence se fit. Le rabà montra le nez.

— À vous ! dit poliment Maurin à Cabissol.

Le coup de feu de M. Cabissol fit retentir les échos.

Le chien tira du trou le rabà à demi mort. Un autre blaireau mit son nez hors du terrier.

— À toi, Caboufigue ! souffla Maurin.