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L’ILLUSTRE MAURIN

instant qu’elle est mariée ; personne n’en sait rien ; il n’y a pas de juges dans l’affaire : tout le monde est content. Ce sont les juges qui gâtent toujours tout. Je regrette que M. Vérignon, notre député, ne soit pas là. Il vous expliquerait tout ça très bien.

— Il est vrai, dit Labarterie, — qui pensait à sa candidature éventuelle, — il est vrai que M. Vérignon a dit, le jour du congrès, des choses fort sensées ; et ses paroles, je le sais presque par cœur. Il a dit :

« — Un juge d’instruction a entre les mains un pouvoir terrible. »

— M. Vérignon, confirma M. Cabissol, soutient qu’un juge d’instruction peut faire durer jusqu’au scandale et à la pire injustice — l’emprisonnement préventif. Les mandats d’arrêt peuvent être, selon son expression, de véritables lettres de cachet, et le juge qui s’en tient au texte du code, celui qui ne cherche pas à satisfaire l’équité par-dessus tout, peut conduire un honnête homme à tous les déshonneurs, en mettant servilement la loi de son côté.

— Je ne le lui ai pas fait dire ! s’écria Maurin.

— Ah çà ! s’exclama le juge qui finissait par prendre gaiement son parti de la situation, sommes-nous à la chasse ou à la Chambre des députés ?

— Nous sommes à table, assis par terre, dit Maurin dont les saillies amusaient Mme Labarterie… Et je ne suis pas fâché d’y être avec des juges, pour leur faire entendre, puisque l’occasion se présente, ce qu’eux-mêmes ils savent bien… Tel que vous me voyez, on m’a condamné pour coups et blessures, comme ils disent, et pour vol d’un chien ! et le chien, je ne l’ai pas volé : un chien n’est pas un melon… J’ai une demi-douzaine