Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/380

Cette page a été validée par deux contributeurs.
362
L’ILLUSTRE MAURIN

mais je me vois obligé de vous les annoncer, pour ne vous pas prendre en traître… Maintenant partez-vous, messieurs ? ou restez-vous ?

— Du moment, dirent les magistrats, que vous nous garantissez… et que vous prenez fait et cause… avec cette chaleur sympathique… pour cet homme… vous, dont l’honorabilité est si connue…

— C’est bien, messieurs. Enchanté ! Ne parlons plus de cet incident.

Après cette sortie de M. Cabissol, il y eut une gêne assez prolongée entre ces grands chasseurs qui avaient renoncé à chasser… Mais peu à peu, la chaleur aidant, on ne s’occupa plus que de s’éventer et de s’éponger le front.

— Je suis curieux de savoir, dit M. Labarterie tout à coup, au milieu d’un grand silence, si ma femme aura tué quelque chose ?

Juste en ce moment, sur le rivage, là-bas, Maurin disait à Mme Labarterie :

— Pardon, excuse madame, mais monsieur votre mari n’a pas tort : il fait beaucoup chaud ; et, si vous m’excusez un petit moment, je vous quitterai, le temps de me mettre dans l’eau de la mer et d’en ressortir.

Elle s’assit et lui fit signe d’aller librement. Elle avait des yeux très brillants et elle le regardait avec l’admiration d’une élève de Rosa Bonheur qui a rencontré un taureau sauvage au repos.

Par façon de plaisanterie, Maurin, en s’éloignant d’elle, dit encore :

— Si vous voulez faire comme moi ?

— Ah ! la bonne idée ! s’écria-t-elle en se remettant debout, d’un bond joyeux.