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L’ILLUSTRE MAURIN

cachent leurs manigances, leurs voleries, leurs intrigues intéressées, sous les grands mots, sous le grand fla-fla. Tu cries à qui veut l’entendre : « C’est pour la patrie ! c’est pour la France ! allons là-bas ou ici ! il faut faire cette guerre-ci ou celle-là. C’est l’honneur du drapeau ! » Mais en dessous tu fais tes petites saletés !… Ne compte pas sur moi en rien, que tu me dégoûtes par trop ! Quant à ta candidature, tu y as — souviens-t’en — renoncé. Cette raison dispense des autres. Je t’ai décoré pour ça ! Et c’est assez, puisque c’est trop. Aie un peu de honte, que diable !

— M. Caboufigue a raison à son point de vue, fit observer M. Cabissol narquois. La députation le réhabiliterait.

— Réfléchis encore, Maurin, insista Caboufigue, nous en reparlerons ce soir.

— C’est tout réfléchi, déclara Maurin.

— Non ! non ! fit l’entêté Caboufigue, tu n’as pas dit ton dernier mot. Pour ma candidature, je comprends que tu sois contre moi, mais tu écriras bien un petit mot à la dame. Qu’est-ce que ça te coûte ?

— Tu es un beau gueusas ! dit Maurin en dévisageant Caboufigue, je n’ai rien à te répondre. J’ai besoin de ne pas perdre la peau d’un ou deux blaireaux. Tu vas venir les tuer avec moi, si cela t’amuse, et tu reprendras ta voiture après.

Caboufigue suivit, espérant qu’avant la fin de la chasse il viendrait à bout de toucher le cœur de son vieux camarade d’enfance.

— Tu sais, Caboufigue, les blaireaux, c’est de leurs poils qu’on fait les pinceaux à barbe : nous allons de ce pas travailler pour toi.