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L’ILLUSTRE MAURIN

nuer pareille chasse sous un ciel pareil. Seule Mme Labarterie affirma que, sous la conduite de Maurin, elle tuerait volontiers quelques perdreaux.

— Et moi, belle dame, dit Maurin, pour vous être agréable, je chasserais dans un four de potier ! Que les autres se mettent donc à l’ombre dans ce bois de pins ; il y a, juste au pied de ce poteau télégraphique, — regardez — de jolis rochers arrangés comme des fauteuils ; nous y reviendrons lorsque nous aurons tué, avec Madame et avec Pastouré, de quoi empêcher messieurs les juges de rapporter à leur maison un carnier de maladroits ! Ils sont là bien agréablement assis à l’ombre… nous les y rejoindrons à midi.

— Ce qui me paraît désagréable ici, dit le juge, ce sont ces fils télégraphiques qui font une chanson agaçante… Écoutez, cela siffle sans arrêt… Allons plus loin…

— Bah ! dit Maurin, de quoi vous plaignez-vous ? Ça vous sert d’oisôs !

Il y eut un éclat de rire général.

— Restez là, croyez-moi, dit Maurin, il n’y a pas d’endroit, près d’ici du moins, où l’ombre soit meilleure.

On se trouvait sur les crêtes des collines qui vont, par pentes douces, baigner leurs pieds roses dans la mer. L’endroit choisi pour la halte était en effet délicieux et beau, et ce qui ne gâtait rien, il y avait un puits dans le voisinage.

De ces cimes on découvrait tout l’horizon des Maures, Saint-Tropez au sud, Saint-Raphaël vers l’est ; par delà l’Estérel, les Alpes, et devant soi la mer bruissante, toute papillotante de rayons dansants, et sur laquelle passait en ce moment, au large l’escadre de la Méditer-