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L’ILLUSTRE MAURIN

sous la protection des trois couleurs nationales ! »

« Alors la foule bien contente s’en alla. Elle gagna la place au bord de la mer et là tout le monde se promenait, en se contant plus d’une fois la cérémonie.

« On remarquait que chacun des musiciens du Triomphe de l’Harmonie donnait le bras à un musicien de la Victoire de la Symphonie.

« Tout à coup, un bruit courut dans le peuple : « Le merle est revenu ! oui ! oui ! il est revenu ! » C’était vrai ; il était là, sur un des arbres de la place ; on le reconnaissait facilement, comme de juste, à sa petite cravate.

« Deux musiciens allèrent sous l’arbre et, le nez en l’air, ils l’appelaient d’une manière aimable : « Petit, petit ! »

« — Pechère ! disaient comme ça les jeunes filles, il a perdu l’habitude de trouver sa nourriture tout seul dans les bois ! il revient à la mangeoire. »

« Un vieux retraité avait pour opinion que les musiciens devaient adopter ce pauvre oiseau qui ne savait pas profiter de sa liberté.

« De ce temps, le merle était descendu sur l’épaule de l’un des deux musiciens qui l’appellaient.

« Celui-là voulut le prendre, mais son camarade, qui était de l’autre fanfare, l’avait vu avant lui et ils se disputèrent… Premièrement vinrent les injures ; après vinrent les coups de poing. Que vous dirai-je ? Tous les musiciens qui s’étaient faits amis depuis le matin, arrivèrent au secours, chacun prit parti pour sa bandière (bannière), et une bataille épouvantable — comme celle du jour de la bravade — s’ensuivit, sous les yeux du maire, des adjoints et des gardes, qui ne pouvaient rien empêcher.