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L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE XL


Le merle des fanfares.


— À propos, dit M. Rinal, savez-vous, Maurin, ce qui c’est passé à Bourtoulaïgue, le 25 juillet dernier ? On dit que vos deux fanfares, qui s’étaient si bien gourmées à Saint-Tropez, le jour de la Bravade, se sont réconciliées avec un cérémonial extraordinaire.

— Ah ! ah ! s’écria Maurin, celle-là, voui, que c’en est une de bonne, d’histoire ! Figurez-vous que la veille du 14 de juillet, le maire fit appeler les deux chefs des deux musiques ennemies et leur dit comme ça : « J’ai un merle ! »

— Bon début et qui promet ! s’écria Cabissol, joyeux.

M. Rinal lui fit signe de ne pas troubler par d’inutiles critiques le génie du narrateur :

— « J’ai un merle privé, dit le maire. Et en le regardant, ce matin, à travers les barreaux de sa cage, il m’est venu une idée…

« La liberté est la meilleure de toutes les choses… mon merle en est privé… rendons-la lui, mais rendons-la lui d’une manière utile à la cause de la commune. Voici comment. Ma fille, ce soir même, lui prendra mesure du tour de son cou, et lui préparera, avant de se coucher, une petite cravate faite d’un ruban tricolore bleu,