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L’ILLUSTRE MAURIN

un peu tous les jours !… Merci, mon brave monsieur, merci. »

« Elle sortit, apaisée, et j’admirai le pieux mensonge de cette sublime veuve qui eût été digne vraiment d’avoir épousé un plus grand homme.

« Eh bien ! Maurin, qu’en pensez-vous ?

— Je pense comme vous, monsieur Cabissol, cette pauvre femme était sublime.

— Et devais-je, moi, qu’en dites-vous, accepter ses cinq francs ?

— Vous savez bien que non ! dit Maurin. En vous venant voir, elle a d’abord cru que vous vendiez par métier des conseils comme un avocat ou un médecin. Elle voulait donc, et c’était une idée de justice, vous payer avec de l’argent. Vous lui avez fait comprendre que vous vouliez, vous, lui rendre un service de voisin, par bonté pure. C’est elle alors qui, par respect, devait accepter votre cadeau. Lorsqu’elle le comprend… alors elle ne peut plus vous payer, et cependant, il faut qu’elle vous offre quelque chose parce qu’elle est une bonne femme dans son genre, une vraie femme de notre peuple… Et dans le mouvement de son cœur, monsieur Cabissol, elle vous a donné ce qu’elle avait de plus précieux : sa confiance et son secret. Je trouve ça magnific, monsieur Cabissol. Ah ! là, pour exemple, voici que je reconnais mon peuple ! Il est brave, au fond, allez ! Seulement, dans le peuple pauvre comme dans le peuple riche, ceux qui font le plus parler d’eux ne sont pas toujours les plus honnêtes !…

M. Rinal et Cabissol se regardaient, contents de leur ami Maurin.