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L’ILLUSTRE MAURIN

que nous ce merveilleux, ce gai, ce très sérieux et très chevaleresque Maurin.

— Chevaleresque, vous l’avez dit. Quand l’amour de la tradition le porte, malgré ses opinions politiques, à s’habiller en mousquetaire et à figurer dans une bravade, — il a alors vraiment un costume qui lui sied. C’est un chevalier du temps des saint Louis et des Saladin. Il a pour les femmes, quand il en parle, les dédains d’un musulman, — et quand il leur parle, une impertinence à la Richelieu. Et de la Fronde, la plus française des guerres, il a au suprême degré le goût passionné de gouailler et de rosser le pouvoir ou le commissaire de police. Il est petit cousin de Karagueuz et de Guignol… Avec cela, loyal comme un vrai Français d’autrefois ; il a un cœur de cristal de roche… On pourra faire quelque chose, je crois, de son fils Bernard, et je m’y efforce avec joie…

Un jour, pendant que M. Cabissol et M. Rinal étaient en train de se répéter cent fois les mêmes choses à son sujet, Maurin arriva.

M. Rinal recherchait les occasions de faire donner à Maurin son avis sur toutes sortes de questions, prétendant que son bon sens naturel, sa manière populaire d’exprimer ses idées, l’éclairaient dans bien des cas.

— Vous arrivez à point, lui dit-il ; que pensez-vous du travail manuel ? Est-il une joie ou une peine ?

— Eh ! monsieur Rinal, je n’ai peut-être plus beaucoup le droit d’en parler, puisque j’ai depuis longtemps quitté la charrue pour ce travail de la chasse — qui ne m’est pas un travail puisque c’est ma passion, — mais je connais des gens qui ont la passion de travailler. Je l’ai eue ; et, du temps que je labourais, j’y mettais le même