Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/347

Cette page a été validée par deux contributeurs.
329
L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE XXXVII


Comment se fait la chasse au mousquetaire dans les forêts domaniales des Maures en Provence.


Sandri et son camarade, accroupis et dissimulés dans les broussailles, à quelque pas l’un de l’autre, étaient à l’affût près de la source. Au bord du bassin naturel, parmi les herbes, le paquet de vêtements était bien en vue. Les hardes étaient enveloppées dans un grand morceau de toile rèche, nouée par les quatre bouts ; et les coques des nœuds formaient, au sommet du paquet, deux grandes oreilles que parfois agitait un léger ventoulet, et qui se miraient dans l’eau luisante.

Les deux gendarmes, s’attendant, d’une minute à l’autre, à voir apparaître Maurin, le guettaient de tous leurs yeux écarquillés. Le soir était venu. Leurs yeux maintenant fouillaient l’ombre. Ils avaient eu la précaution de mettre dans leur gibecière chacun un pain et quelques rondelles de cervelas. Ils dînèrent sobrement. Ils avaient du vin, chacun sa gourde, et ils burent, se rationnant… Maurin ne pouvait tarder à arriver : En vérité, il ne pouvait pas rester éternellement vêtu en mousquetaire ! bien sûr, d’un moment à l’autre, il allait paraître ! L’occasion de la capture était trop belle ! Il ne fallait pas le manquer… Et ils attendaient rageusement. Ils s’interdisaient de parler, craignant d’effa-