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L’ILLUSTRE MAURIN

Il fut décidé que Maurin, à cause de son costume révélateur, resterait terré chez Saulnier jusqu’à ce que Pastouré fût allé lui chercher à la Foux et lui eût rapporté ses frusques de tous les jours. Pour commencer, il passerait la nuit dans le cabanon sur de la bonne paille, à terre, ou dans le lit, à son choix.

— Garde ton lit, Saulnier, que tu as un travail dur tout le jour, et que tu n’es pas si jeune que moi.

— Eh bien, vous coucherez par terre sur la paille, toi et Pastouré.

— Oh ! non. Moi, dit Pastouré, j’ai vu mon lit tout fait, là-bas sur la paille de l’ière, près des chevaux que d’ailleurs il faut faire boire et garder un peu.

— J’irais bien coucher avec toi, Pastouré, dit Saulnier, mais tu comprends, avec mes bêtes et Maurin, je ne peux pas quitter ma cabane.

— Tout est bien comme ça, conclut Pastouré. Bonsoir.

Et tandis que Maurin et Saulnier s’enfermaient dans l’étroit logis, Parlo-Soulet gagna l’aire, après avoir fait boire les chevaux.

Et quand il fut dans la paille de l’aire, couché sur le dos, Pastouré, les yeux aux étoiles, parla :

— Noum dé pas Diou ! dit-il, ça n’est pas trop tôt ! Je languissais, je me le confesse, de parler un peu ! Tout le jour, au milieu du monde et dans tout ce bruit, pas moyen de dire plus de quatre paroles !… Et alors, ami Pastouré, tu es bien, là ? — Pas mal, mon ami, et toi ? — Comme tu vois, collègue. — Allons, ça me fait plaisir. — Plaisir bien partagé, mon ami. — Que d’histoires, pas moins, dans une journée ! La bravade m’a rendu sourd. — Tu m’entends cependant, puisque tu me réponds ?…