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L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE III


Sous les grands mots l’intrigue.


Curieux d’étudier une figure si parfaite en son genre, le dilettante Cabissol avait donné à Caboufigue l’assurance qu’en toute occasion il le trouverait prêt à le servir de ses conseils ou de son appui. Le moment ne tarda pas à se présenter.

Un terrible scandale financier venait d’éclater par toute la France, plus retentissant et plus malfaisant qu’une machine infernale. Des millions de marmites anarchistes bourrées des explosifs les plus puissants eussent été moins dévastatrices que cette catastrophe de Bourse. Les petites épargnes furent atteintes dans leur source. Les vraies marmites furent renversées sur tous les foyers. On voyait, dans les prairies de France et dans les bois des Maures, des paysans assis sur leur charrue, ou assis à terre et tenant la corde de leur vache maigre qui broutait l’herbe du voisin, en train de lire et de relire avec une avidité morne les feuilles à un sou qui leur annonçaient leur ruine. Un de ceux-là fut rencontré par Maurin. Il pleurait de rage, et de rage il se mordait les poings.

— Qu’as-tu ? lui demanda Maurin.

— Je n’ai plus rien, gémit le laboureur. J’avais dix mille francs. Les gueux me les ont volés.