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L’ILLUSTRE MAURIN

En quelques coups de massette il brisa les deux pains en plusieurs gros morceaux :

— Les miettes sont pour mes perdreaux.

Les perdreaux s’étaient blottis sous le lit avec la renarde et la belette. Ils accoururent picorer le pain. Un peu de temps s’écoula.

— À présent, c’est la bonne heure pour mon genre de chasse, déclara Saulnier, venez avec moi.

Maurin s’empara du vieux fusil à un coup, accroché horizontalement le long de la grosse poutre.

Saulnier s’en aperçut :

— Veux-tu bien laisser le fusil, que tu ferais peur au gibier !

— Étonnant ! grommela Parlo-Soulet.

— Je ne te comprends plus, dit Maurin.

— Pose le fusil, et suivez-moi tous les deux.

Il siffla d’une certaine manière. La renarde et la belette sortirent de dessous le lit. Saulnier mit sa belette dans sa chemise bouffante, « dans son estomac » comme il disait. Les trois hommes, suivis du renard, se mirent en marche dans la colline.

Pastouré et Maurin se taisaient, intrigués.

— Vous pouvez causer, dit Saulnier. Plus vous mènerez de bruit, et mieux ça ira, ma chasse.

— Des chasses, dit Maurin, j’en ai vu de toutes les manières, mais comme celle-ci, jamais !

— Il faut l’occasion, répliqua Saulnier.

— Voilà pourquoi, fit remarquer Pastouré, la vieille ne voulait jamais mourir, voyant bien qu’elle avait toujours quelque chose à apprendre.

Ils repassèrent devant une aire où le voisin, qui en était le propriétaire, avait laissé de la paille en mon-