pour la dixième fois au buvetier le prix d’un verre et lui disant : « Verse ce que tu voudras, pourvu que ça racle. » Au moment où le buvetier penchait sa bouteille, Maurin, entraîné par l’esprit de révolte, d’un coup de crosse de son tromblon la fit voler en éclats :
— Té ! cria-t-il, pour le roi de France !
— Tu auras de mes nouvelles, Maurin ! Je te connais et j’ai des témoins.
— Encore un procès-verbal ! dit philosophiquement Maurin à Pastouré.
Et tous deux, enfourchant leurs chevaux, détalèrent.
À cent pas de là, ils virent, devant une des buvettes en plein vent, sous un pin, deux gendarmes chargés de la surveillance des courses, assis, attablés et buvant ferme,
— Messieurs, leur dit aimablement Maurin du haut de son cheval, regardez là-bas : les arènes fument.
— Ah ! oui, les arènes fument ? répondit l’un des gendarmes… Eh bien, nous autres nous buvons.
Et tous deux, très occupés à boire, en effet, continuèrent.
— À votre aise ! répliqua Maurin joyeusement. D’ordinaire vous faites votre devoir et même trop bien. Moi, en vous prévenant, j’ai fait le mien. Bonsoir.
Et piquant des deux, il dit à Pastouré qui le suivait comme son ombre :
— D’ordinaire ce sont les gendarmes qui me cherchent ; pour une fois que je cherche les gendarmes, tu vois, ça ne m’a pas réussi !… C’est égal, des courses de cette espèce, je n’en avais jamais vu ! Mais il faut croire qu’on en voit puisque nous venons d’en voir. Qu’en dis-tu, Pastouré ?