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L’ILLUSTRE MAURIN

L’élégant Tortillados, dont le postérieur un peu gros était pressé dans des culottes très collantes, paradait avec grâce. De nouveau il se campa devant la bête qui fonça sur la cape. Alors Gonzalès El Fuego Tortillados pivota sur ses talons… Empereur passa, frôlant la cape…

Le même jeu se renouvela à diverses reprises.

Une fois, poursuivi par le taureau, Tortillados Mouredu franchit légèrement le cheval mort… Sa grâce s’envola par-dessus ce hideux amas d’entrailles graisseuses et sanguinolentes. La foule applaudit.

Alors Mouredu Gonzalès Tortillados El Fuego Bardillas essaya d’en finir avec le taureau… Il poussa de nouveau sa pointe… Touché ! Empereur tomba.

Des grêles et des tonnerres d’applaudissements éclatèrent aussitôt. La primera espada salua.

Mais le taureau n’était que blessé. Fatigué, il n’était tombé que pour avoir buté… il se releva brusquement. Il courut à la porte de la barrière qui, juste à ce moment-là, s’ouvrait vivement pour laisser passer les mules toujours prêtes à entrer dans l’arène où elles doivent enlever les animaux morts, et il s’élança hors du cirque. Il passa devant les gardiens et les afficionados admis à l’honneur de prendre place avec eux près du toril… Il passa et aperçut, au delà de la seconde palissade, un filet de jour entre deux planches ; alors il chargea, effrayant tout ce qu’il rencontrait et, au galop, défonçant la muraille de bois d’un coup de tête, il se trouva tout à coup dans une plaine qui ressemblait à sa libre Camargue marine…

Des huées retentirent dans le cirque et la foule se précipita au dehors par toutes les issues…