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L’ILLUSTRE MAURIN

les deux fusées finirent par éclater avec un bruit ridicule…

Le taureau courant çà et là passa trop près d’un picador qui, de sa lance, le piqua au front. Le sang jaillit et ruissela dans les yeux du malheureux animal.

Alors des sifflets se firent entendre. Le fauve, impatienté, réveilla ses énergies et s’élança sur un picador dont la lance, cette fois, ne l’atteignit point… les deux cornes entrèrent dans le ventre du cheval. Le cheval s’écroula, entraînant sous lui son cavalier…

— Bravo, toro ! crièrent les jeunes afficionados, qui suçaient leur canne à pomme d’or.

Alors la primera espada fît son entrée, alla droit au taureau, en agitant sa cape rouge.

Empereur, oubliant le cheval tombé, se rua sur la cape…

Le cheval essaya de se relever. Le picador, embarrassé de ses jambières, se dégagea avec peine ; et, lourdement, il gagna seul la porte de sortie qui s’ouvrit devant lui pour se refermer aussitôt.

Le cheval était enfin parvenu à se remettre debout. On le vit alors, au milieu de l’arène, faire quelques pas mal assurés, en se vidant peu à peu de tous ses intestins déroulés dans lesquels ses pieds se prirent.

Entravé par ces liens horribles sortis de lui-même, il chancela une dernière fois sur ses jambes vacillantes, puis il chut de côté, s’allongea sur le flanc, souleva encore une fois sa tête aussitôt retombée, et mourut…

Les femmes terrifiées et heureuses se pressaient contre l’épaule des jeunes hommes…

La primera espada, poursuivie par le taureau, feignit