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L’ILLUSTRE MAURIN

grand propriétaire de là-bas qui voulait essayer de faire des croisements de nos chevaux de Grimaud avec les camarguais, qui descendent, comme les nôtres, des chevaux sarrazinois ou mauresques… Je connais donc les Espagnols !

— Je ne savais pas, dit humblement Pastouré, que la Camargue fût en pays d’Espagne.

— Elle est France, la Camargue ! reprit l’autre ; mais depuis quelques années, apprends que les Camarguais veulent être Espagnols.

— Tiens ! Je ne savais pas cela ! Et comment ? Et pourquoi veulent-ils être Espagnols ? se récria Pastouré.

— Voilà l’affaire, dit Maurin qui mit son cheval au pas, mouvement aussitôt imité par son compagnon fidèle… Voilà l’affaire : Dans la Camargue, qui est une île dans le Rhône et dans la mer…

— Elle est dans la mer ou dans le Rhône, cette île ? questionna le précis Pastouré.

— Dans tous les deux, vu qu’elle est dans le Rhône à l’endroit où il entre dans la mer.

— Et comment est cette île ?

— Il y a du sable, des marécages, des siagnes, des ajoncs, des enganes ; — tiens, ça ressemble aux marais des Salins d’Hyères et un peu à la plage d’ici, au fond du golfe.

— Je la vois, ta Camargue, dit Pastouré. Et qu’y a-t-il dans cette île ?

— Des gardians de chevaux et de taureaux sauvages.

— On y chasse ?

— De sûr ! tous les gibiers, le sanglier excepté…