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L’ILLUSTRE MAURIN

On arriva ainsi sur le quai où se dresse la statue du Bailli de Suffren, et sous la fenêtre même d’où Tonia, assise près de son père, regardait de tous ses yeux l’imposante cérémonie.

Sur la place tout le monde se rangea en bel ordre, chaque corps de bravade à son rang.

On fit aligner les deux fanfares, l’une à droite, l’autre à gauche de la statue du grand amiral, face à la mer, dos aux maisons…

Et Maurin, le beau mousquetaire, saluait de l’épée sa dame à la fenêtre, en faisant exécuter une courbette à son cheval… quand tout à coup le dragon éclaireur Parlo-Soulet lui vint murmurer quelque chose à l’oreille :

— Prends garde, Maurin ! je flaire une manœuvre de Sandri. Les gendarmes de Saint-Tropez n’oseront pas bouger ; mais ceux que je vois arriver là-bas ne sont pas de Saint-Tropez. Ils ne craindront pas de faire offense à la population. Ouvre l’œil !

— Où sont-ils ?

— Là, à l’entrée de la rue par où arrive la queue de la procession. Et d’autres peut-être vont garder les autres sorties, et alors tu seras comme un rat au fond d’une ratière, mon pauvre !

— Non, dit Maurin, avec un geste large : la mer est libre : je sauterai s’il le faut dans une chaloupe, ou bien je lancerai mon cheval à la nage.

Et rrrran !… calme sur son cheval fougueux, il déchargea coup sur coup deux tromblons… rrrran !

Énervés, les chevaux des mousquetaires tournaient sur eux-mêmes à chaque décharge ?

À l’ordinaire, les cavaliers ne portent pas de tromblons.