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L’ILLUSTRE MAURIN

Il accompagne le célébrant pendant tout le temps de la cérémonie.

Les prières terminées, il commande un feu général.

Depuis quelques années, des navires de l’État viennent dans le port de Saint-Tropez saluer le saint au passage.

Rien ne saurait mieux que ces citations donner une idée du cérémonial de la bravade. Mais ce que rien, ni parole ni écriture, ne peut rendre, c’est l’extraordinaire, l’inouï spectacle que présente la ville de Saint-Tropez durant sa fête annuelle. L’imagination reste impuissante à se représenter certaines choses, si on ne les a pas vues : impuissante la mémoire, quand on les a vues.

Et rien n’est touchant comme la vénération et l’amour de la ville pour son antique tradition.

Malheureusement pour Maurin et pour Saint-Tropez, la majesté des fêtes devait être troublée, cette année-là, par un absurde incident.

C’était le 15 juin 19… Le capitaine de ville Souventy, un ami de Maurin, avait exercé déjà deux fois dans sa vie la haute fonction qu’il remplissait à la satisfaction de tous. Il devait effectuer la reddition de la pique et du drapeau, le soir même, avec les ordinaires cérémonies qui accompagnent la prise. Maurin était très fier d’adresser de temps à autre, du haut de son cheval la parole à son ami Souventy ; car les fonctions de capitaine de ville sont une distinction réelle et considérable, comme on vient de le voir et comme on en jugera par ce détail : le jour de la Fête-Dieu, le capitaine de ville a le pas sur le maire. C’est lui qui tient le premier cordon du dais, et le maire en personne ne peut y prétendre. Souventy portait un habit brodé d’amiral et le claque à plume blanche.