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L’ILLUSTRE MAURIN

ses jambes les gros galets du torrent voisin ; et il avait, l’homme, une étrange figure avec ces deux gros cercles noirs grillagés qui masquaient ses yeux.

— Et ta belette ? dit Maurin.

— Elle s’est mise, dit Saulnier, en sûreté sous la queue ramée de mon renard, à son habitude, dès qu’elle t’a entendu marcher.

— Bonjour, la compagnie ! c’est le cas de le dire, répliqua Maurin ; vous allez tous bien, je le vois.

« Chè novo ?

— Il y a de neuf des choses pour toi, dit Saulnier. Des amis te cherchent partout. On ne t’a plus vu, nulle part, ni le conducteur de la diligence, ni les forestiers ni Grondard, ni l’aubergiste des Campaux, ni celui du Don, ni personne.

— Ma vieille mère était un peu fatiguée, dit Maurin, je la veillais…

— On raconte, dit Saulnier, que contre toi il n’y a plus de plaintes en ce moment et qu’on ne te chasse plus ?

— C’est vrai, mais si des amis me cherchaient, pourquoi était-ce ?

— À Bormes, chez M. Rinal, on a des nouvelles à te donner.

— Bonnes ?

— Ni bonnes ni mauvaises. C’est rapport à la politique.

— Bon, j’y vais, dit Maurin.

— Ce n’est pas tout… fit l’autre se levant et posant sa masse pour soulever son chapeau d’une main tandis que du revers de l’autre il s’essuyait le front…

Cela fait, il regarda Maurin en mettant un doigt sous un de ses yeux masqués et dit finement :