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L’ILLUSTRE MAURIN

— Veux-tu boire un coup ?

Ils trinquèrent.

— Tu es vif ! dit Terrasson.

— Comme un tromblon ! dit Maurin. Pour la fête ils partent tout seuls. Tiens-le toi pour dit.

Ils se serrèrent la main. Terrasson partit en disant :

— Amis comme devant, qué, Maurin ?

— Tant que tu te tiendras à ta place, dit Maurin qui rentra chez lui pour achever tranquille son travail d’apprenti tailleur.

Quelques minutes plus tard, on heurta sa porte de trois petits coups timides. Il ouvrit :

— Té, c’est vous, Tonia !

— C’est moi, dit-elle, moi, mon brave Maurin. Pauvre de moi ! comme il faut que je t’aime !

— Diable ! fit-il. Comment avez-vous quitté la maison de votre père ? Il faut y retourner, gente Tonia. La vie avec moi vous serait trop dure. Restons comme je vous ai dit, oubliez et mariez-vous.

— Maurin, dit-elle, je t’aime. Quelle imprudence à toi d’être dans ta maison !

— Il faut bien être quelque part, dit Maurin. J’ai calculé comme ça qu’à cette heure l’endroit l’on me croira le moins c’est encore chez moi. Comment veux-tu qu’ils devinent que je ne me cache pas ?

— Je l’ai bien deviné, moi, dit-elle.

— Toi, c’est différent, Tonia, puisque tu dis que tu m’aimes… Allons, sois sage, va-t’en.

— Pourquoi, me renvoies-tu ?

Et tout à coup jalouse :

— Tu en attends une autre !

— Non, bien sûr ! mais où te croit ton père ?