Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.
228
L’ILLUSTRE MAURIN

qua Maurin, ot non pas librement d’après tes ordres, que j’y suis allé une fois, à ton cercle !… Mais tu appelles ça un cercle ? Parce que tu as mis au-dessus de la porte de ton cabanon, en plein mitan des bois de pins, dans les Maures, un écriteau avec ces paroles écrites : Cercle de la libre pensée, et que j’y suis allé une fois pour voir à quoi vous pensiez là dedans, les quatre chasseurs de bouscarles et de futi-fùs que vous étiez, tu te crois le droit de m’empêcher de vivre à ma guise ?

— Est-ce que tu deviens réac, ô Môourin !

— M’est avis, poursuivit placidement Maurin en enfilant une aiguille, que tu as gâté un joli cabanon, — pas plus grand que la main, c’est vrai — mais qui serait excellent pour un poste aux grives ! Tu l’as abîmé en faisant peindre au-dessus de ta porte des mots que tu ne comprends pas, maître libre penseur de ma tante, puisque tu ne veux pas que je pense, moi, comme il me plaît ! Ton écriteau là-bas dans les pinèdes, il n’y a que les grives pour le lire, et les merles ! et ils le comprennent même mieux que toi puisqu’ils f… le camp lorsque tu parais, chasseur de carton !

— Ah çà ! deviens-tu fou, Maurin ?

— À quoi vous pensez là dedans, je l’ai vu, puisque une fois j’y suis allé ! Vous étiez quatre en bras de chemise, dont quatre et demi, en me comptant, savaient à peine lire, et nous n’avons pensé, j’en suis témoin, qu’à manger un plat de pignets, un levraut, un gigot et de la salade. En vérité, non, nous n’avons pas pensé à autre chose. Mais à cela du moins nous avons pensé librement. Fais donc ton chemin et ne m’échauffe pas la bile ! De dire ce que ce appelles la libre pensée tu serais en peine, couyoun !