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L’ILLUSTRE MAURIN

l’arrestation du roi des Maures, mais pour l’heure, un peu honteux d’eux-mêmes, ils n’en parlaient guère.

Le public au contraire amplifiait la légende de Maurin… Le bougre n’avait pas échappé dix fois aux gendarmes, mais cent fois !… Et on racontait de lui des miracles.

Certains n’étaient pas loin de le croire sorcier.

Or, par un beau jour de juin, tranquillement, Maurin, assis au seuil de sa cabane, dans la plaine de Cogolin, examinait son uniforme de bravadeur, c’est-à-dire son costume de mousquetaire, héritage de ses pères, et il s’apprêtait à y recoudre lui-même quelques boutons mal assujettis, lorsque passa par là Terrasson, un « libre-penseur » de ses amis.

Terrasson s’arrêta devant Maurin :

— Oou ! tu n’as pas honte, Maurin, un républicain comme toi, de soutenir les bravades par ta présence et par un pareil déguisement… car, je le vois, tu t’apprêtes à t’habiller en mousquetaire pour aller à la procession ?…

Maurin n’aimait pas les leçons ni les conseils qu’il n’avait pas demandés. Cette répugnance faisait partie essentielle du sentiment qu’il avait de sa liberté et de sa dignité. Il dressa l’oreille.

— Oou, fit-il, voilà un joli conseiller et un beau maître d’école ! M’est avis que je ne t’ai pas prié de me dire autre chose que bonjour quand tu passes devant la porte de ma cabane ! Et de quel droit m’oses-tu parler ainsi ?

— Ne sommes-nous pas, dit l’autre, membres tous deux du Cercle de la Libre pensée ?

— C’est pour penser librement comme je veux, répli-