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L’ILLUSTRE MAURIN

CHAPITRE II


Pour écouter l’histoire des amours d’une chienne de chasse et d’un loup, le don Juan des Bois oublie ses propres amours.


Maurin, le cœur léger, car les démarches de M. Rinal avaient réussi et toutes ses affaires étaient classées — autant dire effacées, amnistiées par faveur spéciale — Maurin traversait la route qui va du Don à la Molle.

Hercule, depuis un instant, disait avec sa queue, — et il n’y avait pas à s’y méprendre — que des perdreaux étaient par là ; mais à chaque fois qu’il pointait, la queue raide, il se retournait, regardant son maître, et de la queue aussitôt frétillait.

— Je te comprends, dit Maurin, ce sont bien des perdreaux, mais d’une espèce particulière… c’est les perdreaux de Saulnier, qué ? Tu baisses maintenant la queue et tu t’aplatis contre terre ?… C’est donc que tu as reconnu le renard de Saulnier… Et la belette, tu n’y songes pas, tu la méprises ?

Les choses étaient bien comme le disait Hercule.

Maurin aperçut bientôt les perdreaux qui, courant dans la poussière du chemin à grandes petites enjambées et ramant un peu l’air de leurs ailes soulevées à demi, s’allèrent réfugier entre les pattes du renard étendu sur un long tas de cailloux au bout duquel Saulnier, assis, levait et abaissait sa masse, brisant entre