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L’ILLUSTRE MAURIN

rendre ! C’est tout fumier, par la fréquence des morts. Pico-fouart ici peut frapper doux ; il entre comme dans du sable… À présent, trou, que tu es profond, mou comme tu es et plein de tant de bons germes et de racines nouvelles, c’est bien Consolation qu’on pourrait t’appeler, car de meilleur lit, je n’en connais pas.

À ce moment arriva Maurin.

Parlo-Soulet sortit du trou, pas loin duquel était déposé le cercueil qu’il entoura avec les cordes de la charrette, à la façon des fossoyeurs, et s’adressant à Maurin, sans même un bonjour :

— Prenons-le. Aide-moi, dit-il.

Ils s’aidèrent… Il y eut un faux mouvement. Le cercueil glissa un peu trop vite vers le trou, en basculant du côté de la tête :

— Mon Dieu ! cria une femme épouvantée.

— D’une manière ou d’une autre, de la tête ou des pieds, il arrivera toujours où l’on va, soyez tranquille ! dit Pastouré.

Maurin l’aida encore à combler le trou. Ils élevèrent un tertre. Sur le tertre Pastouré planta une croix faite de deux branchettes reliées par un chanvre grossier, et la foule se retira

Un malin lui cria :

— Oou ! je te croyais libre-penseur ?

Il se retourna et doucement il dit :

— Ce que j’ai de pensée, mêlé à ce que toi tu en as, couyoun, n’emplirait pas la tête d’un darnagas, pechère ! Alors, le tien comme le mien, de pensement, que ça soit libre ou pas, je te conseille de ne pas le mettre dans une balance, qu’on se moquerait de toi comme de moi, mon homme !