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L’ILLUSTRE MAURIN

la chasse, dans les bois, aux petits enfants qu’il rencontrait. Le jour qui a été celui de sa mort, il poursuivait une fillette qui portait à son père, dans le bois, le dîner de midi. Verdoulet le voit, de loin, prêt à mal faire, et, d’un coup de fusil, il l’abat comme un chien enragé. Maurin n’avait qu’à ne pas se montrer et à tout de suite filer. Mais non, il dit à Verdoulet : « Tu as bien fait ! et je te promets de ne rien dire. » Alors, qu’arrive-t-il ? que Verdoulet, quand on accuse Maurin devant lui, des fois, il a l’air de laisser dire, de croire, comme les autres, que Maurin a fait le coup… Un bon coup pourtant, un fameux coup ! car il a débarrassé le pays d’un homme abominable, d’un voleur, d’un bandit à craindre, d’un citoyen comme il n’en faudrait pas ! d’un coquin pire que les pires !… Mais allez faire comprendre au monde la vraie justice !… Il faut un Maurin pour croire que cela est possible, et il en paiera la farce à la fin, pechère ! sans que moi je puisse rien faire que le voir, et m’en plaindre à moi-même, — puisqu’il ne veut pas que je parle, et attendu que ce qu’il veut je le ferai toujours.

S’étant ainsi donné à lui-même d’abondantes explications qui ne sont pas toutes rapportées ici, Pastouré se tourna dans son lit sur le flanc droit et s’endormit en grommelant.