Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
L’ILLUSTRE MAURIN

— Quand Mariette ne veut plus de vous, c’est qu’on n’est plus bon à rien.

Il la jeta à terre, elle se brisa, et il se dit à lui-même :

— Tu ne fumeras plus, Victorin !

Des heures se passèrent. Il dormit, se réveilla, couvert de sueurs terribles. Il sentait la fin finale.

Alors, il dit :

— Je suis content de t’avoir revu, petit (le petit était un vieux). Je vais retrouver les ancêtres, savoir lequel a fumé du blé et lequel a nourri de la vigne. Ce que nous avons mangé et bu, à son tour nous boit et nous mange. Adieu, que je meurs… J’ai ciré les harnais neufs et j’ai repeint la charrette par précaution, quand je me suis vu si malade, pour te faire honneur à l’enterrement. Tu prendras Pico-fouart et tu me feras mon trou toi-même, — toi-même, tu entends. J’y tiens. Mon argent est pour toi, Pastouré. (Victorin se considérant comme mort donnait à Parlo-Soulet son nom de famille, le titre héréditaire.) Mon argent est pour toi et pour ton petit. Dès que je serai mort, tu prendras Pico-fouart et tu creuseras sous la grosse figuière, tout autour du pied, en un grand rond, à six mètres juste loin du tronc de l’arbre ; l’argent est là, il est là autour de l’arbre, comme une couronne… Une couronne d’or, sous des pommes de terre ! mais fouille bas, bien bas, tu comprends, à quatre pans. L’argent ne pourrit pas comme nous. Tu trouveras là ma fortune qui est tienne, ce qui vient de nos parents et ce que moi j’ai gagné !

Il soupira profondément et, après un petit silence :

— Arrange mon coussin, qué ? que j’ai sommeil de mort.