— Tiens ! c’est vous, Maurin ?
— C’est moi !
— Eh bien, vous avez fait un beau coup ! grogna le garde d’un ton de reproche. C’est le maire qui ne sera pas content !
— Comment ? dit Maurin surpris. Que ce soit moi qui l’aie tué ou que ce soit vous, qu’est-ce que ça fait, pourvu qu’il soit hors d’état de nuire ? S’il y a une récompense pour toi, de grand cœur je te la laisse, avec ce joli gibier.
— Ce n’est pas ça, dit le garde. Nous avions d’autres ordres. Il ne fallait pas le tuer.
— Et qu’en vouliez-vous faire ?
— Eh ! dit le garde, tu ne m’entends pas ! Nous le conduisions, voilà une heure, avec assez de peine !
— Vous le conduisiez ! et où cela ? vous voilà berger de chiens fous à cette heure ? joli métier, ma foi de Dieu ! Où le conduisiez-vous, voyons ? j’en perds mes idées, véritablement.
— Dans la commune voisine.
— Dans la commune voisine ? Est-ce qu’elle fait collection des chiens fous, comme mon prince fait collection d’oiseaux rares ?
— Vous ne savez donc pas l’usage ?
— De quel usage parlez-vous ? s’écria Maurin de plus en plus étonné.
Les chasseurs, tranquillisés, l’arme sur l’épaule, entouraient Maurin. Le garde répondit :
— Quand on tue un chien enragé, l’usage est que les frais d’autopsie sont à la charge de la commune. La commune doit payer ces frais-là et aussi le déplacement du vétérinaire. Alors, pour esquiver toutes ces